Le travail de la laque a vraisemblablement été introduit en Birmanie par des moines chinois bouddhistes, partis évangeliser le Tibet aux alentours de 1050. Certains d’entre eux, s’étant égarés, seraient parvenus jusqu’en Birmanie, où ils auraient appris aux populations locales l’art de la laque.
L’intérêt de la laque était principalement utilitaire, puisque cette dernière servait à consolider, étanchéifier et préserver le bambou tressé, la vanerie et le bois. Par la suite, le travail de la laque devint un véritable savoir-faire, et les laques décorées achevèrent de faire de cette technique un ajout esthétique également. L’art (car c’en est un maintenant) atteint son apogée aux XVIIIe et XIXe siècles, les Birmans le considérant maintenant comme un artisanat majeur et très décoratif.
De nombreux « chefs d’oeuvre » de la laque nous sont parvenus de cette époque, aux travers des travaux des plus grands maîtres qui résidaient pour la plupart à Bagan, qui reste aujourd’hui le chef-lieu de la laque birmane.
La réalisation d’une laque de qualité pouver nécessiter jusqu’à 8 mois de travail, cet art ancestral nécessitant tant un savoir faire exceptionnel qu’une patience infinie et beaucoup de sens artistique.
Boîtes laquées birmane
Bois de bambou tressé et laqué
La laque est issue de la sève d’un arbre, le « thitsi », qui pousse dans les forêts de l’Est de la Birmanie. L’artisan pratique une incision dans l’écorce de l’arbre, à laquelle il vient accrocher un bol ou un récipient muni d’un courvecle. En effet, au contat de l’air, la laque se durcit et noircit; l’artisan doit donc éviter au maximum de la laisser à l’air libre, tant qu’il n’a pas fini son travail. Ceci explique également pourquoi la couleur naturelle de la laque est le noir.
D’autres couleurs peuvent être obtenues par ajout de pigments : le rouge est obtenu en ajoutant du cinabre (sulfure de mercure), le jaune à partir d’orpiment (arsenic trisulphide), le bleu par l’indigo, et le vert en mélangeant des pigments jaune et bleu.
Conserver et célébrer
De nombreux objets en bois ou en vannerie étaient donc renforcés par l’usage de la laque. Il pouvait s’agir tant d’objets du quotidien, que d’objets cérémoniel et à usage religieux.
La boîte en laque pouvait en effet servir à conserver des textes sacrés, des offrandes pour les moines, les divinités ou pour les nats. Les pièces les plus belles et travaillées étaient offertes aux monarques, qui y conservaient bijoux, ornements et pierres précieuses.
Mais en Birmanie comme ailleurs, la laque n’est pas uniquement réservée aux plus riche.
En Thaïlande et en Birmanie, pour le commun des mortels, la boite laquée n’était pas tant un objet d’ornement qu’une manière sûre de conserver aliments et denrées périssables. Ces boîtes servaient pour la nourriture, pour le bétel (mélange de noix d’arec, feuilles de bétel et de chaux, que l’on mastique toujours aujourd’hui), les épices ou le nécessaire de toilette. La laque était également utilisée pour patiner les plats et les assiettes et les rendre plus durables et facile à laver.
L’art de l’offrande
L’utilisation des boites laquées est aussi associée au transport et à la présentation des offrandes faites dans la vie quotidienne.
Les boîtes destinées à les acceuillir sont donc confectionnées pour pouvoir être facilement transportées sur les lieux de pélerinage. Toutefois, elle se doivent également d’être richement décorées, puisque l’offrande est faite aux ancêtres, aux dignitaires séculaires et religieux, et aux divinités.
Lorsqu’un événement important et bienheureux survient dans la vie quotidienne, le chanceux a pour habitude de faire une offrande au temple le plus proche. Il peut s’agir d’une offrande de nourriture, d’argent ou de tabac, si l’événement est quelque chose d’usuel comme un déménagement ou la visite d’un ami de longue date. Les événements rares et précieux, demandent évidemment une offrande plus précieuse – une somme importante d’agent, un bijou ou un met fin et exotique.
Grand Bol à Offrande
80x⌀42cm
« Oak » en Bambou tressé recouverte de laque, feuille d’or et pierres en verre
Birmanie
« Oak » en Bambou tressé recouverte de laque, feuille d’or et pierres en verre
Birmanie